Je me lance tout de suite ou je travaille d’abord comme salarié pour acquérir de l’expérience et ensuite j’y vais, je fonce, je monte ma boîte ?


Quand je discute avec de jeunes entrepreneurs, des questions reviennent en permanence. J’ai déjà parlé de la confidentialité dans un article précédent. Une autre question concerne le moment opportun pour se lancer.
« je me lance tout de suite ou je travaille d’abord comme salarié pour acquérir de l’expérience et ensuite j’y vais, je fonce, je monte ma boîte » ?

J’ai été 10 ans salarié avant de créer ma société. Pendant ces 10 ans, j’ai travaillé en start-up puis dans un grand groupe du CAC 40. J’ai changé plusieurs fois de postes. J’ai eu des promotions. J’ai eu une équipe à encadrer. Bref tout ce qui fait la vie d’un salarié qui a envie de progresser.

Ces 10 années de salariat ont été très enrichissantes. J’ai appris un grand nombre de choses. J’ai progressé dans les sociétés dans lesquelles j’ai travaillé signe que ma hiérarchie était satisfaite du travail fourni.

Cinq ans après avoir quitté le salariat pour monter ma société, voici ce que je réponds aux entrepreneurs en herbe : « Au lieu d’attendre ma réponse, vous devriez déjà être en train de créer votre boîte ».

J’ai beaucoup appris en 10 ans de salariat, mais je dois reconnaitre que cela ne m’a pas vraiment préparé à la vie d’entrepreneur. Je l’ai dit dans d’autres articles, mais je le redis : créer une société est difficile, vraiment.

« Le succès, c’est d’aller d’échecs en échecs sans perdre son enthousiasme » disait Winston Churchill. On pourrait paraphraser et dire « entreprendre, c’est d’aller d’échecs en échec sans perdre son enthousiasme ». Cette citation met en valeur deux réalités de l’entrepreneur : la difficulté matérielle de la création d’entreprise et la force mentale du créateur d’entreprise.

La capacité à rebondir, la résilience comme on dit aujourd’hui, est très importante. Démarrer jeune permettra à l’entrepreneur de se tanner le cuir, de faire des erreurs sans que cela porte trop à conséquence.

La joie des petits succès, la plénitude procurée par les grands. La tristesse des petits mauvais résultats, le désespoir procuré par les grands. Vivre tout cela. Apprendre à le gérer. Apprendre à être capable de le dépasser.

L’accumulation de l’expérience voilà ce que doit privilégier un jeune entrepreneur.

Ces expériences lui permettront de se forger un caractère, une résistance. C’est ce qui est déterminant dans la création d’une entreprise.

Les compétences que l’on développe en tant que salarié n’ont rien à voir avec celles qui sont nécessaires pour réussir en tant qu’entrepreneur.

Attention, je ne parle pas ici des compétences techniques, mais de aptitudes morales, du « mental » comme on dit aujourd’hui. Le fait d’être un salarié performant à la progression rapide et fructueuse ne vous préparera pas à la vie d’entrepreneur.
Les facteurs clés de succès sont totalement différents.

Qu’il n’y ait pas de méprise. Le salarié aussi subit une forte pression. Il doit développer des compétences managériales quand on lui confie une équipe. Il doit apprendre à gérer sa hiérarchie. Il a des objectifs à atteindre. Il a meme pu être en charge de l’ouverture d’une filiale a l’etranger.
Ok. Très bien.
Cela lui servira un jour dans sa vie d’entrepreneur mais pas au début. Et le début peut durer longtemps.

Deuxième argument : les difficultés prennent une autre acuité lorsqu’on a une famille.
Plus vous attendrez pour vous lancer plus vous « risquez » d’avoir des responsabilités dans une autre sphère de votre vie : celle de la vie familiale.
Le salariat, en fait le CDI, est très confortable avec ses cinq semaines de congés payés, ses RTT, sa mutuelle, son CE, ses tickets restos ou son restaurant d’entreprise, son infrastructure de qualité,…
Renoncer sciemment à ce confort pour l’insécurité et la précarité du lancement d’une société est très difficile, particulierment lorsque l’on projette de créer une famille, voire lorsque l’on est en train de créer une famille.
Lorsque j’ai créé ma société, j’étais marié. J’avais trois enfants dont une fille qui venait de naitre. Dans l’équipe de la société dans laquelle j’étais employé, il y avait une personne qui m’appelait le kamikaze. Je suis content du choix que j’ai fait, mais avec le recul, je dois reconnaitre qu’elle avait raison. Il m’a fallu une forte conviction jumelée à une forte inconscience pour quitter tout ce confort.

Pour toutes ces raisons, et pour d’autres encore mais que je développerai dans un autre article, je suis convaincu qu’il faut créer sa société le plus tôt possible et que le passage par la case salarié n’est pas nécessaire.

Alors allez-y. Entreprenez !

6 réflexions au sujet de « Je me lance tout de suite ou je travaille d’abord comme salarié pour acquérir de l’expérience et ensuite j’y vais, je fonce, je monte ma boîte ? »

    • Heureusement qu’ils sont là pour faire bouger les choses. Ce sont de vrais entrepreneurs car ils savent que cela ne sert à rien de répéter à longueur de journée que le gouvernement ne fait rien pour les entrepreneurs. Ils proposent une solution, même des solutions !

  1. Je suis on ne peux plus d’accord avec toi, en fait les finances sont la seule bonne raison qui doit retenir un futur entrepreneur, le reste peut s’apprendre en route et sinon il sera toujours temps de changer d’orientation. Mais si vous avez l’envie et les fonds, foncez !!!!

Répondre à David Annuler la réponse.